« Une considération objective de la réalité peut nous prêter à anticiper un certain déterminisme. Il existe certes des facteurs impondérables, cependant, ils tendent d’avantage au fatalisme. La situation socio-économique s’avère réellement critique. On doit d’avantage s’attendre à une crise majeure dans les années à venir que d’une quelconque amélioration des choses. Selon la personne élue, l’échéance peut être soit retardée ou amorcée à temps. L’histoire nous dira le reste. »
Quelques années de cela, j’ai été en province discuter avec quelqu’un qui se plaignait du fait qu’il comptait déjà plus de trois mois sans manger de riz. Il exprimait son ras le bol de consommer constamment le tom-tom et le mais moulu. Ses parents ne pouvaient se pourvoir le riz pour la mettre sur la table. L’on nous a toujours fait croire qu’Haïti est l’un des plus grands consommateurs de riz des USA. Cette assertion le plus souvent nous porte à croire que le plat quotidien de tous les haïtiens est le riz. En effet, l’on oublie souvent cette catégorie d’haïtiens qui ne peut pas se payer le riz au quotidien à raison de 30 gourdes la marmite (1) . Cette entrée en matière est pour mettre justement en relief la misère des analyses et/ou critiques qui proviennent de part et d’autre durant la période électorale.
Les structures mises en places depuis plusieurs décennies n’ont pas permis aux haïtiens d’avoir une structure mentale assez ferme pour porter des jugements suffisamment cohérents et pleins de bon sens sur leur réalité (2) . C’est triste la plupart du temps de voir comment des jeunes ayant leur baccalauréat en poche, émettent des jugements si étroits que n’importe quel gamin en brevet dans un système normal n’oserait émettre. Le tempérament nombriliste de l’haïtien lui porte le plus souvent à extrapoler son quotidien à l’ensemble de la population. Ceci dit, il est certaines choses qui, naturellement (si je puis ainsi m’exprimer) nous échappent à notre insu ! Si je prête les mots de Michel Rolph TROUILLOT, je dirais que cette impression est due à la myopie des couches intellectuelles qui mesurent le bien être de la Nation à la jauge des classes moyennes !(3) En effet, les clivages au sein de la société haïtienne, ne permettent pas le plus souvent de mesurer l’ampleur de l’indigence des uns et/ou de l’opulence des autres (4), ce qui nous dévie de jugement beaucoup plus corrects.
Quand les candidats font miroiter des promesses mirobolantes !
Tout le long de la campagne électorale du second tour des élections, aucun des deux candidats n’a exposé de véritable programme. On a plutôt assisté à des harangues, des matraquages de propagandes et de slogans. Toutefois, des deux cotés on a tenté l’effort de prouver la faisabilité de certaines promesses. Par exemple on promet d’étendre l’éducation en primaire gratuit pour tous les enfants d’Haïti en l’espace de cinq années. Belle promesses d’aucuns disent et surtout c’est humainement possible ! Et il suffit de dire qu’on aura à taxer la loterie pour tirer l’argent nécessaire à cette fin (5). Cependant, si l’on tient compte de la topographie haïtienne, des défis majeurs du secteur de l’éducation, de la pauvreté des familles, ont peut déjà de manière péremptoire avancer que le projet des deux candidats n’est que pure utopie (6). Tout d’abord, les bâtiments scolaires doivent répondre aux principes standards de construction en raison de la vulnérabilité du pays aux catastrophes naturelles. Et l’on sait bien que bâtir parasismique et anticyclonique coute excessivement cher ! Avec cinq milliards de dollars, jamais, au grand jamais l’on ne parviendra à faire entrer tous nos enfants à l’école en cinq ans. Il faut non seulement les bâtiments, le mobilier (bancs, tableaux), la cantine journalière (en raison de l’immense misère des parents) (7), des professeurs (déjà en grande carence, l’école normale fournit environ 80 par année, et la plupart d’entre eux ne sont pas prêt d’aller s’investir dans les climats peu attractifs des campagnes), il faut des ordinateurs (les candidats ont parlé d’e-Gouvernement s’il vous plait !), ensuite accompagner tous les enfants en matériel scolaires (8). Donc un premier mensonge.
Ensuite il existe des défis combien majeurs qui sont les legs des gouvernements précédents. La question des arriérés de salaires, la dette internationale, le remboursement des subventions (9), les autres dettes des diverses institutions de l’Etat (10). L’état en plus devra contracter de nouveaux prêts et se soumettre inéluctablement aux conditions des organismes financiers (aux dictats de la FMI et de la Banque mondiale) (11). La reconstruction sera au cœur des défis du nouveau gouvernement, il faudra déblayer, déplacer les sinistrés et ensuite reconstruire. Tout cela pour des milliards de dollars.
Gouverner n’est pas de l’apanage des amateurs !!
On ne peut plus continuer à vivre uniquement sur la base de l’Espérance ou de la foi (12). Les historiens qualifient le XXIe siècle de post modernité. Ce qui veut dire qu’il s’est dégagé une vision moderne, c'est-à-dire rationnel dans la gestion de toutes choses (13). Cette modernité ne se manifeste pas seulement au niveau des concrétisations matérielles, mais aussi et surtout au niveau de la pensée, des concepts, de la connaissance donc, de la science. La division de travail qui a accouché la modernité, nous permet de constater cette modernité au niveau de la bureaucratie éminemment complexe qu’il y a de nos jours (14). Il’ s’agit donc de la distribution des rôles, des taches, des fonctions et l’Académie demeure le sanctuaire par excellence pour jauger et sanctionner l’armée de fonctionnaire au sein de la bureaucratie. Les multiples rapports entre Etats, les échanges commerciaux, les complexes industriels et militaro-industriels, les think-tanks, les trusts, les compagnies fiduciaires, la haute finance, les équipes de recherches pluridisciplinaires, l’armée de technocrates dans l’ordre économique actuel sont le fruit de cette modernité.
L’on critique à tort les intellectuels de la faillite des institutions en Haïti. L’on comprend bien que tout ignorant, n’importe quel imbécile et surtout le vulgum pecus (15) peut se prêter à une pareille critique. Parce que tout d’abord ces contempteurs de l’intellectualité ne peuvent pas dire ce qu’ils entendent par intellectuels ! L’Etat haïtien est de tradition militaire (16), les régimes militaires en principe ne collaborent pas avec les intellectuels. D’ailleurs, la société haïtienne n’est pas réceptive au discours intellectuel, aucun candidat en Haïti ne s’élit sur la base de programmes politiques. Les régimes démocratiques ces vingt dernières années n’ont pas fait appel aux intellectuels (17). Les rares intellectuels formés à l’étranger on du partir vers le Canada et les USA notamment. La plupart de ceux qui écrivent sur la réalité haïtienne éditent leurs ouvrages dans des maisons d’édition à l’étranger. Et les pauvres étudiants haïtiens ne peuvent se procurer convenablement d’ouvrages pour meubler leurs esprits. D’ailleurs il n’existe pratiquement aucune bibliothèque digne du nom de bibliothèque dans le pays ! De quoi parle t-on exactement?
N’entre pas qui veut, mais qui peut ! Il n’est pas permis à tout le monde d’aller à Corinthe !
Le séisme du 12 janvier a permis à certaines voix de dénoncer le fait que la communauté internationale a toujours refusé de choisir des interlocuteurs valables en Haïti, du fait de son poids dans les décisions politiques du pays. Donc, quiconque ne peut prétendre à la magistrature suprême d’une Nation et l’on comprend bien l’état détérioré de notre crise de société.
L’haïtien de nature est pusillanime, il n’est pas cohérent avec lui-même, il ne croit pas en des idéaux et ne se fixe pas des objectifs pour lesquels se battre. L’année dernière il vous disait qu’un seul homme ne peut sauver la situation et cette année avec les élections il est chauffé à blanc pour un candidat. Il ne sait pas non plus tirer les leçons de l’histoire, donc spirituellement c’est quelqu’un qui n’a jamais grandi. François Duvalier, Jean Bertrand Aristide et René Préval ne sont tous élu que sous les coups frénétiques d’une population névrosée, toujours en quête d’espoir et en attente de changements. Ces hommes d’après eux, incarnent et polarisent l’ensemble des revendications des masses. Ils ont tous donné quasiment les mêmes résultats et l’on continue à répéter les mêmes exercices
Quand Michel Martelly est appelé à être populiste et Mirlande Manigat inopérante
« Il y a crise quand les classes dominantes n’arrivent pas à drainer les classes dominés dans le sillage de leurs valeurs et quand les classes dominés n’arrivent pas à imposer les leurs »
Antonio Gramsci
Haïti connait une crise systémique(19) et toute crise systémique ne peut se résoudre à coup de réformes (20). Il n’ya que les révolutions qui peuvent chambarder la structure de tout un système. La crise haïtienne est profonde et bi séculaire, et aucun programme quinquennal ne saurait transformer la réalité. Si l’on approche la structure sociale de près qu’est ce qu’on observe ?
Tout d’abord une bourgeoisie impotente et apathique, étrangère et dépourvu de tout sens du bien commun. En effet, c’est une bourgeoisie commettante qui depuis deux siècles ne se soucie que du bord de mer. Certains intellectuels comme Lionel Trouillot pensent comme moi d’ailleurs que définitivement on ne peut rien avec cette bourgeoisie !!
Ensuite une petite bourgeoisie appelée classe moyenne, qui d’abord a pu ascendre à ce niveau uniquement par l’éducation. Cependant, quoique issue directement de la paysannerie elle n’a aucune conscience de classe, donc aucune conscience Révolutionnaire. Elle tend à imiter la grande bourgeoisie en la singeant dans tous ses gestes. Cette classe moyenne a toujours servi de pont de la domination des masses par l’aristocratie et l’International.
Enfin une masse considérable d’analphabètes, pour la plupart paysans, pauvres qui alimente constamment le prolétariat urbain. Elle constitue une clientèle urbaine à la solde des politiciens véreux. Elle est la proie des bêtes fauves de l’Aristocratie et subit le poids des politiques. Cette masse dans les villes alimente l’insécurité, la bidonvilisation et l’occupation anarchique de tous les espaces. Dans les campagnes, elle est principalement responsable de la destruction de l’environnement.
De part et d’autre, les attentes sont réellement immenses et les marges de manœuvres sont grandement réduites (21). Les candidats ont tous les mains liées. Et déjà, quelque soit la personne élue, elle ne jouira pas de la sympathie totale de la Nation (22).
Michel Martelly compte tenu de ses promesse et de sa présentation nourrit de grandes attentes de la part des masses… cependant, il peut se révéler un grand Matamore (23). Entouré de renégats, de thuriféraires(24) il finira par être un président populiste sans réalisations (25). Les discours ne tiennent pas longtemps. A mesure qu’il (Martelly) aura à scruter le système et réaliser les contradictions il imitera peut être son prédécesseur Aristide. Lorsqu’il aura à constater l’intransigeance de la bourgeoisie il finira par lui mettre le peuple en face. Lorsque le parlement sera réticent sur certaines concessions il en fera de même. Et le résultat évident est la crise. De son coté, on n’espère rien de sérieux chez Mirlande Manigat !!
Plutôt d’incarner le changement, ces élections en Haïti matérialise de préférence le non sens, un stade plus critique de notre évolution comme peuple. Les candidats peuvent beau avoir la volonté et la conviction. Mais cela ne suffit pas. En substance, une considération objective de la réalité peut nous prêter à anticiper un certain déterminisme. Il existe certes des facteurs impondérables, cependant, ils tendent d’avantage au fatalisme (26). La situation socio-économique s’avère réellement critique. On doit d’avantage s’attendre à une crise majeure dans les années à venir, que d’une quelconque amélioration des choses. Selon la personne élue, l’échéance peut être soit retardée ou amorcée à temps. L’histoire nous dira le reste. Puisse Dieu nous préserver la vie. »
Seul avec l’Intelligence nous parviendrons à secouer notre Génie trop longtemps en Léthargie !
(1). Il faut mentionner à ce sujet que les rapports des organismes financiers internationaux mentionnent tous que la grande majorité des haïtiens est en situation d’extrême pauvreté. Soit 56% de la population qui vit avec moins de US$1 par personne par jour selon le DSNCRP. Ces chiffres en effet datent de 2001 selon les résultats de l’ECVH (Enquête sur les Conditions de Vie des Haïtiens), depuis lors la situation économique a d’avantage dégradé. Or, les familles haïtiennes sont nombreuses en raison de l’absence de politique de contrôle des naissances. Certaines Organisations Internationales chiffrent les familles haïtiennes en moyennes de 6 personnes. Ainsi, il est aisé de comprendre combien nombreux sont les familles qui ne peuvent pas apporter le riz sur la table tous les jours surtout au sein de la paysannerie. 63% de la population vit en milieu rural !
(2). La qualité de l’Education qui laissait toujours à désirer a d’avantagé dégradé ces trois dernières décennies. Les matières de base de la réflexion comme les mathématiques et la philosophie sont parmi les plus mal enseignées.
(3). In Les Racines Historiques de l’Etat Duvalierien. Ed DESCHAMPS p 148
(4). Il existe pas mal de chiffres sur l’état de la pauvreté en Haïti, cependant la réalité des classes possédantes demeure véritablement opaque. Dans les pays capitalistes du centre, il existe certains magazines qui affichent les revenus des plus riches. Une certaine transparence permet donc d’avoir l’œil sur les bénéfices des entreprises et des particuliers, cependant, ce n’est pas le cas en Haïti. La plupart des Etats financiers des rares entreprises dûment enregistrées sont apocryphes.
(5). Dans le face à face organisé par le GIAP, Michel Martelly dit avoir l’idée d’autres sources de revenus pour l’éducation, qu’il se garde-par stratégie politique- de révéler. L’on comprend bien qu’il peut s’agir d’une taxation des produits de luxe (Cigarettes, les spiritueux, voitures de luxe, bijoux etc..). Cependant, une taxation des produits de luxe ne va pas apporter grand-chose à l’Etat haïtien en raison du fait que la consommation de ces produits est excessivement faible. Déjà l’on se plaint du coût des boissons alcoolisées. Une bière coute déjà 1 dollar américain et le rhum local plus de 10 dollars. Par rapport à la population globale il est facile de comprendre que très peu d’haïtiens fument la cigarette. Le premier argument est culturel, le second est économique et le dernier est la réalité paysanne qui est la couche la plus dense, qui consomme déjà le tabac à l’état brut. Ensuite taxer les bijoux n’apportera qu’une pitance à l’Etat, il n’existe presque pas de joailleries en Haïti et la majeure partie de la population qui porte des bijoux se les procure à partir de cadeaux de la diaspora ou des postiches vendus dans le secteur informel. Donc, toute augmentation de ces produits risque de compromettre déjà la popularité du gouvernement.
(6). 1/3 des enfants entre 6 et 12 ans soit (500 000) ne fréquentent pas l’école. Cette proportion passe à 40% quand on considère la tranche des 5-15 ans, soit 1 millions d’enfants. On compte 23 sections communales qui n’ont pratiquement aucune école et 145 (en 2007) qui n’ont pas d’écoles publiques. Source: DSNCRP (Document Stratégique National de Croissance et de Réduction de la Pauvreté)
Selon le PDNA (Post Disaster National Assessment) plus de 1300 écoles ont été détruites par le séisme.
(7). Déjà le PDNA a prévu 210 millions de dollars pour la cantine de 2,2 millions d’enfants scolarisés. La tendance de ce chiffre est à la hausse en raison de la flambée des denrées agricoles.
(8). Pour chaque rentrée des classes, les parents n’arrivent pas à pourvoir leurs enfants en matériels scolaires les plus dérisoires en raison de la pauvreté des moyens. Donc, l’Etat doit prendre en compte cet aspect afin de favoriser un meilleur apprentissage par les enfants.
(9). Selon l’actuel ministre de l’économie, l’Etat a passé près de un an à subventionner l’essence. Il faut subventionner les ouvrages pour la rentrée des classes et le programme national de cantines scolaires entre autres !
(10). L’on s’étonne de voir chaque année combien énormes sont les dettes des achats non honorés dans certains ministères. Il faudra continuer avec les projets en cours (Constructions de routes, de ponts, de prisons etc..). Le Président Préval vient justement de doubler la pension des fonctionnaires de l’Etat, alors que les caisses sont vides. Les gouvernements font souvent face à cette difficulté à toujours jour le rôle de pompier des gouvernements précédents. Avant de quitter, ces derniers grèvent considérablement le budget de l’Etat.
(11). Lire Jean ZIEGLER. Les nouveaux maîtres du monde. Ed. Fayard, 2002. pp64-65. C’est le fameux consensus de Washington, base fondamentale des politiques néolibérales qui ont sévèrement miné l’économie haïtienne ces dernières décennies. Pour chaque prêt contracté, les organismes financiers internationaux à savoir les bailleurs imposent les critères de remboursement. Ceux-ci passent inévitablement par des politiques d’austérité et de dérégulation (Politiques Libérales). L’on vous impose quoi taxer et comment taxer. Or, l’Etat depuis plusieurs décennies a trop taxé les biens et les services. Cette année seulement le prix de l’électricité, de l’essence, des archives et des passeports ont parfois doublé. Notre population est déjà pauvre !
(12). Cela témoigne curieusement l’état primitif de la pensée en Haïti. La rationalité devient un épiphénomène et la foi dans l’avenir joue un rôle prépondérant (l’Idéalisme le plus plat dans son expression). Je crois que c’est justement l’équivalent de l’état théologique de la pensée d’Auguste Comte dans sa considération des trois étapes de la pensée. Lire Raymond ARON, Les Etapes de La Pensée Sociologique
Cet idéalisme plat se manifeste surtout dans l’espérance naïve et chimérique qu’un jour subitement il se dégagera une conscience collective qui pousseront les haïtiens à repentir. C’est ignorer la socialisation des individus qui les abêtit d’avantage et délite ainsi les liens de solidarité et de civisme. Du coup, la collectivité se démet de toute responsabilité de construction de l’homme afin d’éviter d’obérer les générations futures.
(13). C’est l’esprit positif. Il faut mesurer, quantifier, classifier, dénombrer afin de prévoir certaines manifestations, c’est ca la planification, le management fruit de la modernité!!
(14). L’Organisation moderne du travail, en raison de sa complexité fait appel constamment à la cybernétique. On parle de nos jours de Technostructure dans l’Administration moderne.
(15). La multitude ignorante
(16). De 1804 à 1915 (110 ans), cette période est appelé Le Temps des Baïonnettes par nos historiens en raison de la toute puissance militaire et la fréquence des coups d’Etats. De 1915 à 1934 (19 ans) ce sont les marines américains qui avaient géré le pouvoir. De 1935 à 1994, l’Armée a encore joué un rôle influent dans la gestion du pouvoir. La plupart des présidents haïtiens ont été des militaires.
Les intellectuels ont toujours constitué de véritables obstacles aux pouvoirs en place, c’est pourquoi les divers régimes les exilaient et les empêchaient d’accéder à l’appareil de l’Etat.
(17). La preuve en est bien grande: L’Etat haïtien ne subventionne aucune recherché au sein de son Université. L’Etat n’a pas investi dans l’Académie. L’UEH est au stade de licence et il n’existe pas de formation continue pour les professeurs. A ce stade l’Université ne peut que transmettre des bribes de connaissances déjà acquises. L’Université ne produit pas et l’on reproche à cette dernière de ne pas faire ce que la Sorbonne et Harvard fait. Harvard par exemple a 360 ans d’existence (depuis l’Indépendance, Harvard avait déjà plus d’un siècle et demie d’existence) et forme des Docteurs dans toutes les disciplines. Son capital financier de 23 milliards de dollars équivaut au budget de la formation supérieure de la France. Cf. Manière de Voir La guerre des idées, Le Monde Diplomatique.
(18). A ce sujet il faut lire Le Sacre des Rois de Jean Pierre BAYARD, Editions du Vieux Colombier 1964.
(19). Par opposition à crise conjoncturelle. Il ya crise systémique lorsque tous les éléments du système sont affectés (Politique, Economique, Social, Religieux etc...)
(21). En tout cas, c’est ce que l’histoire révèle, à mois qu’Haïti soit un cas d’espèce !!
(22). Réforme de l’appareil fiscale, de la justice, de l’administration publique et de l’Université. Matérialiser les garanties des alliances et des bailleurs de la campagne électorale. Diminution du coût de la vie et amélioration de la sécurité. Réduction de la vulnérabilité et déplacement des personnes dans les camps. Reforme agraire et décentralisation… etc. etc. etc. D’ailleurs, l’Etat n’a pas toutes les prérogatives de la Reconstruction. La CIRH demeure un organe de contrôle fort des divers projets qui sape l’effort d’autonomie de l’Etat dans ses décisions et surtout la majorité au parlement aura à décider le choix du premier ministre.
(23). Cet aspect est fondamental pour saisir le climat qui règnera prochainement. D’une part Mirlande Manigat n’est pas populaire, elle aura à subir constamment les invectives des partisans de Martelly et d’autres franges de la société qui ne l’apprécient point. D’une autre part, il est évident que les forces vives de la Nation ne vont pas collaborer facilement avec Martelly. Qu’on pense simplement à l’Eglise et aussi les intellectuels conservateurs et une très grande partie de la jeunesse estudiantine. Le fait est que tous les appareils idéologiques ne sont pas contrôlés, il peut aisément avoir manipulation de part et d’autre. C’est inévitablement une élection sur fond de division.
(24). On prétend que la qualité de musicien de Martelly lui garantit d’être bon gestionnaire. Pour la mémoire rappelons que Manno Charlemagne a été Maire de Port-au-Prince (Il a été un musicien engagé !), Herman Nau Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et au Sport, Yvon Jérôme Maire de Carrefour. Ils ont tous échoué, donc l’argument ne tient pas, c’est du pur sophisme !!!
(25). Il ya une sorte de Mystification de Michel Martelly en ce sens qu’il parvient à rassembler une équipe exemplaire. C’est mal connaitre la sociologie haïtienne et le contenu psychologique, le schème mental des haïtiens. De tous les temps, la classe moyenne éduquée a toujours aspirée à occuper la fonction publique. La raison est simple, on n’a pas la culture de la création de richesses en Haïti, donc l’administration de la chose publique demeure l’expédient par excellence. Ce n’est pas une philosophie ou une quelconque vision de la société qui rassemble des gens autour de Martelly ou de Mirlande, c’est suis generis chez la classe moyenne en Haïti de faire l’antichambre des politiques. C’est ce que Rolph Trouillot appelle les parasites urbains (Ibid. Les Racines Historiques…). D’ailleurs pour la plupart d’entre eux, leur passé sont un témoignage vivant ! La politique est au cœur des préoccupations quotidiennes. Tous les journalistes célèbres actuellement sont des journalistes politiques (qui traitent la politique).
(26). La hausse du prix du pétrole, la hausse des matières premières sur le marché International, l’instabilité politique, l’insécurité, sont des paramètres majeurs qui bloquent l’actions des gouvernants et ne facilitent pas l’investissement. Il ne s’agit pas de convertir la police en armée dans les ghettos pour garantir les investisseurs. L’insécurité est le corolaire de l’extrême pauvreté, Haïti n’est pas loin d’atteindre le niveau de banditisme de la Jamaïque ou du Brésil.
(27). Il est plus évident de s’attendre à une autre catastrophe humaine majeure dans les années à venir (Séisme, pic d’insécurité alimentaire très élevé, de grands cyclones en raison du réchauffement climatique, des inondations et même un tsunami parce que certaines organisations préparent déjà des scénarios de réponses à une pareille catastrophe. Il ya également de grand risques d’épidémies en Haïti, comme le choléra). Les gouvernements auront périodiquement à faire face à de pareilles tragédies.