La Jeunnesse Haitienne....Symbole de l'Espoir

La Jeunnesse Haitienne....Symbole de l'Espoir
Photo: imajinstudio1@gmail.com

dimanche 13 juin 2010

La Participation de la Jeunesse dans la Reconstruction du Pays



Notre pays, pour avoir connu de multiples tensions au cours de son histoire, la réalité telle que nous l’observons aujourd’hui n’est pas sans explication. Immédiatement après l’indépendance, les pères fondateurs qui n’ont pas péri dans la grande lutte, se sont vus dans l’inconfortable situation de gérer ce nouvel Etat flétri par les meurtrissures de treize années de luttes sanglantes acharnées et de recoudre un tissu social complètement déchiré par les multiples antécédents de classes, de caste, de couleur et d’exploitation. La jeune République sans expérience de la chose publique se construisait et elle ne pouvait être en aucun cas ce que furent les autres Etats qui ont pris des décennies, voire des siècles de fomentation, d’expérience et de révisions.
Plus de soixante (60) années dans notre histoire furent dévouées à éponger la dette de l’indépendance. Plus tard, on connaitra dix neuf (19) ans d’occupation, vingt neuf (29) années de dictature et plus de vingt ans(20) de voyoucratie et de « banboche» démocratique, sans compter les tensions de moindres envergures qui ont constitué de lourds impédimentas non négligeables pour l’avancement de la société. Les multiples ingérences de la communauté internationale dans les affaires d’Haïti ont empêché et continuent d’empêcher toute contribution de couleur véritablement locale. Les anciennes querelles de caste, de classe et les rapports de couleur héritées de la colonie esclavagiste ont longtemps perdurées et nous affectent profondément aujourd’hui. Les clivages se répercutent durement au sein de nos écoles et vont faire écho jusqu’à l’intérieur des universités.

Mesdames et Messieurs, Aujourd’hui notre société se trouve à un stade crucial de crise systémique, de marasme aigu et dans un état de délabrement sans précédent. Et, Comme toute communauté humaine évoluée, nous sommes appelés à réfléchir, discuter et scruter nos problèmes dans leur fondement afin de parvenir à dégager les éléments de solution pour une thérapeutique efficace, une alternative viable à notre mal endémique. Le sinistre du 12 janvier, mettant à nu nos faiblesses et creusant d’avantage le fossé de la misère a permis l’émergence d’un concept vedette, celle de « La Reconstruction ». A travers cette reconstruction, chaque haïtien vit son Haïti imaginaire, idéel, alors que le déroulement actuel des choses ne démontre aucune lueur de cette reconstruction. Toutefois, il demeure évident, dans le contexte historique présent, que la société haïtienne doit être rebâtie dans son ensemble, à la fois dans ses structures matérielles, physiques et surtout humaines. Et la jeunesse n’est pas sans fantasmer d’une Haïti nouvelle, une Haïti rebâtie. Mais, quel peut être la participation de la jeunesse dans cette refondation ? Tout d’abord ne vaudrait-il pas mieux se demander : Y aura-t-il une Reconstruction ? S’agira t-il de démolir une infime partie des structures physiques vétustes, pour les rebâtir selon les normes antisismiques ? Ou du moins, de remettre en question l’état de toute une société engoncée dans des anachronismes absurdes pour ne pas dire barbares ? Ne vaut-il pas mieux reconstruire Haïti, en remettant en question l’assimilation et l’application des principes étrangers qui n’ont jamais accouché et qui n’accoucheront toujours rien ? Comment pouvons-nous comprendre Mesdames et Messieurs, que la communauté Internationale par le biais de ses multiples agences de développement n’arrivent-ils à connaitre aucun projet réussi, alors qu’elles peuvent se payer les experts des plus experts au monde ?
Peut-on reconstruire notre pays avec la présence d’une armée de plus de 9000 hommes, qui nous coute les cheveux de la tête et nous fixe ses dictats ? Où l’existence incommensurable d’Organisations Internationales(OI) et d’Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui ont leur raison d’être de la misère du pays, réussiront à s’écarter de cette raison d’être ? Voudra t- on faire d’Haïti un cas d’espèce, où, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les Nations-Unis réussiront un projet de développement ?
La réflexion sur la Reconstruction à travers ces questionnements dénude toute sa sensibilité et sa profondeur. Notre regroupement de jeunes Etudiants et Professionnels, ne veut nullement porter un discours creux sur la participation des Jeunes dans la reconstruction du pays. Ainsi donc, vous comprendrez Mesdames et Messieurs, que nos pessimismes se fondent sur une rationalité parfaitement anglée. Nous comprenons fort mal que l’Etat Haïtien, immédiatement après la catastrophe du 12 Janvier, n’ait ratifié aucun accord avec les pays amis d’Haïti pour la formation de jeunes techniciens pour le très court terme.
Que vaudront ces jeunes auxquels on n’a jamais appris le sens de la loyauté, de la rectitude, du sérieux et de la compétence ? Peut-on bâtir une société forte, lorsque ceux qui sont appelés à être l’élite de demain, se forme et gravit ses échelons par la tricherie et toute sorte de duperies ?
Que vaudra cette jeunesse à laquelle n’a-t-on jamais témoigné du respect en raison de ce qu’elle représente pour l’avenir du pays ? N’importe quel jeune étudiant se fait indignement humilier bêtement par n’importe quel policier ou n’importe quel agent de sécurité dans la fonction publique ! Ces jeunes n’auront t-ils pas à reproduire à l’avenir toutes ces séquelles dont sont-ils victimes aujourd’hui ?
Les jeunes seront-ils valables dans la reconstruction du pays quand, dans un contexte de mondialisation, il n’existe pratiquement aucun transfert de compétence ? Ou, pour mieux dire, lorsque les rares soit disant transferts que nous observons se font dans la construction de mazzis provisoires et les latrines ? Quand le pays ne reste aucune espace de culture qui favoriserait l’épanouissement physique, moral et spirituel de l’individu ? La jeunesse ne vit pas sa jeunesse, elle n’est pas émancipée et l’élite du pays n’investit plus dans l’émulation intellectuelle et dans les productions nobles de l’esprit !
Que peut faire cette jeunesse qui a pour modèle une élite qui a une double attitude de colon. Elle fait d’Haïti une colonie d’exploitation et des pays étrangers comme le Canada, La France et les Etats-Unis des colonies de peuplement ! Là, elle se pourvoit de tous les luxes et n’a cure de ce qui se passe dans la pauvre colonie d’exploitation.
Tout observateur venant de loin, rien qu’à observer nos conditions de vie, ne pourra sans ambages conclure que nous ne sommes autres qu’un troupeau cloitré dans un vaste enclos ! Une anarchie totale, un chaos inénarrable et tout un décor macabre indignes de condition de vie humaine réelle sont entre autres le tableau lugubre qui se parfait à chaque levée de soleil. Notre existence ne rime à rien, et nos inconforts sont tellement immenses, que l’on se demande inlassablement si nous sommes de véritables êtres humains?
La jeunesse se nourrit de désespoir d’années en années et son esprit est hanté constamment d’un fatalisme souriant. Toujours livrée à ses déboires, elle ne pense à consoler ces désenchantements que par la conquête de nouveaux territoires, par la quête de cieux beaucoup plus cléments. Elle a perdu le sens de l’honneur, de la dignité, le sens social et historique et son esprit est formaté par les absurdes balivernes des dirigeants obscurantistes. Les jeunes d’aujourd’hui affiche un dégout complet d’être haïtiens et sont donc sans fierté, ils n’hésitent pas à afficher ce mépris par cette crise d’identité en se colorant tristement leur peau.
Face aux grandes incertitudes qui minent notre existence, aux périls qui guettent constamment notre quotidien, tout nous porte à croire que la vie même nous fait faux bond, nous irions encore jusqu'à dire que même la nature se ligue contre nous, en nous abandonnant sous des cieux si peu cléments. Notre survie ne dépend que du hasard. L’insouciance de nos dirigeants et le manque flagrant de prévenance de nos aînées amenuisent terriblement nos inconforts. Nous payons ainsi le prix de contentieux historiques jamais vidés, les haines fratricides séculaires nous condamnent à être ce que nous sommes aujourd’hui ! Une grande engeance, traitée sans égard, avec le plus grand mépris.
Mesdames et Messieurs, aucune Reconstruction du pays ne saurait se faire malheureusement sans la participation de cette jeunesse meurtrie et bouleversée. Pour une jeunesse qui représente plus de 50% de la population totale, elle demeure une frange incontournable dans tout projet de société sérieux. Cette jeunesse a besoin d’être orientée, il lui faut de grands chefs de file pour canaliser son énergie et ses orientations. A défaut, elle ne peut se consoler que dans une logique naturelle de front commun pour y palier. Ainsi, l’Université comme organe de réflexion se doit de s’élever au dessus de tout clivage, de toute espèce de divisions qui sauraient compromettre l’élévation d’une élite de nouvelle facture. Ainsi donc, après toutes ces considérations, nous dirions que, La Reconstruction d’Haïti nécessite :
• Une Renaissance de l’Elite Economique, Politique et Intellectuelle
• Une vision nouvelle des rapports sociaux qui implique une réduction des clivages et la mise en place d’une justice distributive véritable
• Dégager un nouveau concept de l’Haïtien, une nouvelle philosophie de l’homme haïtien basée sur les valeurs de l’humanisme.
• Une nouvelle vision politique émanant d’un leadership visionnaire et éclairé
• Une politique de Jeunesse qui vise à la fois l’émancipation physique, moral, mental et spirituelle des jeunes. Qui vise l’épanouissement des potentialités.
• Un cadre de vie agréable pouvant créer le chauvinisme chez le jeune haïtien tout en étant ouvert sur le monde.
• Construire de vrais haïtiens, des jeunes haïtiens authentiques imbus de leur passé historique, ayant le sens social et conscients de la nécessité de s’impliquer à fond dans le processus et la dynamique de changement durable.
• Engager un dialogue constant avec les jeunes générations. Les jeunes ont leurs mots à dire et leurs vœux à faire entendre. Ils sont le relais entre les connaissances des anciens et les prodiges de la modernité.
• Pour tout résumer : Education, Education, Education. Une refonte du système éducatif haïtien est indispensable, afin d’inculquer au jeune haïtien de nouvelles manières d’être, de penser, de sentir et d’agir au bénéfice de la collectivité.
Ainsi donc, la jeunesse pourra constituer un épicentre déclaré, un faisceau de propagation de ces idéaux nouveaux propres à promouvoir le bien être tant matériel que spirituel de toute la collectivité.
Les élections approchent et le peuple est convoqué dans ses comices, la population est appelé à boucler le même cercle. L’expérience de la démocratie jusqu’ici ne laisse que d’amers souvenirs. Durant plus d’une vingtaine d’années le pays a sombré dans un populisme abject sans borne, et aujourd’hui nous en subissons épouvantablement les conséquences. Finalement, l’idéologie dominante persiste à faire croire aux citoyens, que les perspectives de changements réels ne se trouvent que par les urnes. Les observations démontrent déjà que rien de neuf n’est à l’objectif, l’éternelle histoire va se répéter. Une masse sans éducation sera galvanisée aux fins de choisir les fossoyeurs de sa tombe et les nouveaux adhérents du gotha de la corruption. Les gendarmes de la bonne procédure sont là, ils sont des milliers de races diverses unis autour d’un seul objectif : « s’assurer à ce que ces pauvres demeurent ce qu’ils sont, sans quoi nous ne serons rien ! » Cynique philosophie d’aucuns diront, mais tel est le constat. L’idiotie de quelques frères cause le malheur de leurs fils et le bonheur de ceux qui viennent de loin. Ainsi, les haïtiens n’arrivent pas à s’élever au dessus de l’opaque mensonge soigneusement fomenté par les maitres de l’exploitation et de la misère pour comprendre qu’aujourd’hui la nation entière est appelée à une tache historique, celle de dépasser l’inadaptable. La jeunesse par-dessus tout, persiste à croire que l’autre Haïti est possible, mais seulement si nous y croyions et bien sur ! Si nous œuvrons à matérialiser tout cela.
Rendons-nous capables de secouer notre génie trop longtemps en léthargie. Libérons-nous de nos sangles mentales, de toutes nos misères morales, matérielles et spirituelles. Portons nos regards vers ceux qui souffrent, parachevons les nobles idéaux de nos aïeux, concevons un autre type d’Haïti. Toutes ces pages écrites de feu et de sang ne soit point pour une postérité ayant toujours l’espoir en berne, pour une jeunesse dont le regard reste continuellement orienté vers ces horizons aux nuages sombres. Il nous faut absolument nous libérer du carcan qui entrave notre émancipation.
Quoi de pire de vivre le bonheur à l’imaginaire et à l’idéelle, existe-t-il pire, que porter les flétrissures de ces regard pales, livides, tristes, de toujours regarder ces mains tendues !
La solution est là, dans notre conscience et dans nos sens, il nous suffit de lui fixer une échéance. Nous sommes capables, car notre grandeur d’âme et nos vertus épiques nous sont des témoignages vivants. Sinon à quoi bon toutes ces âmes sacrifiés au nom d’un idéal de grandeur et d’humanité. La jeunesse n’appelle pas à l’emphase, mais elle veut dire tout simplement qu’elle est lasse du dénuement. Elle est là, prête à s’impliquer dans tout processus qui vise l’amélioration de son sort et de sa race. Elle a toute la sève indispensable, la fougue et l’ardeur que cela nécessite.
Dans un contexte où la société prône l’anti rationalisation, l’anti culture comme valeurs et une jeunesse vouée à singer les soubassements et consommer tous les rejets des civilisations socialement et matériellement plus évoluées ; où une élite consciemment abdique à sa mission historique, Mesdames et Messieurs, la jeunesse haïtienne est appelée à un devoir historique pour surmonter tous ces obstacles. Vaincre ces obstacles consiste pour la jeunesse à assumer sa pleine responsabilité dans tout projet de reconstruction de la société.
Vaincre ces obstacles consiste à servir de fer de lance pour défendre la cause nationale et de force propagatrice de l’alternative pour une Haïti nouvelle. Vaincre ces obstacles consiste pour la jeunesse à s'accorder pour influencer les choses autrement par des méthodes nouvelles, d’être de véritables porteurs et acteurs du changement réel. De dérouter ces sentiers délétères où les ainés ont failli tout en puisant exemple de leurs expériences. De surmonter ces anachronismes néfastes qui engoncent la collectivité entière dans le non sens et lutter pour que les générations futures ne portent plus les mêmes invectives contre eux, que celle présente à l'égard de leurs ainés.
Pour reconstruire la société dans toutes ses composantes, il faut des hommes, et pour avoir ces hommes il faut d’abord les bâtir ! Bâtissons ces hommes, Investissons dans la jeunesse afin qu’elle puise à son tour Reconstruire Haïti.

Merci